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mardi 6 mai 2014

Culture / Cinéma : Critique du téléfilm à la mémoire de sinna

« A la mémoire de Sinna » est un court métrage réalisé par les étudiants de Ciné-Ucad encadrés par le professeur de cinéma Monsieur Abdel Aziz Boye. Il y est question d’une relation amoureuse intense entre deux jeunes étudiants de la faculté des sciences juridiques et politiques.

Dans le premier acte, la routine de vie des protagonistes est ponctuée par les cours dans les amphithéâtres, les études à la bibliothèque universitaire et les promenades délirantes à la corniche.
Le film s’ouvre sur un plan d’ensemble où les étudiants écoutent religieusement leur professeur qui les invite à toujours se rappeler de la notion d’éthique, fondamentale pour leur carrière de juristes.
Pendant que le couple discutait à la plage, Sinna annonce à son copain son voyage sur Thiès pour rendre visite à ses parents. La séparation est difficile. Pendant une de ses révisions, le mec reçoit un coup de fil lui signifiant l’urgence de se rendre dans la structure sanitaire du Centre Des Œuvres Universitaires de Dakar (C.O.U.D). C’est l’incident déclencheur. 
Une fois arrivé en compagnie de son meilleur ami, le docteur leur annonce sans porter de gants la mort de sa chérie dans un accident de la route. Les deux potes, médusés, demandent à voir le corps de la défunte pour en avoir la certitude. Là, en plus du fait que le caméraman n’a pas suffisamment exploité les plans psychologiques, le médecin également n’a pas fait preuve de professionnalisme en apprenant la disparition tragique aux concernés. N’en revenant toujours pas, notre acteur principal perd les pédales. Il laisse de côté la préparation de sa soutenance de fin d’études, fume à outrance, s’enivre, passe ses nuits dans les dancings et se triture les méninges à chaque remémoration des bons et beaux moments partagés avec sa dulcinée. Dans un premier temps, les appels à la raison de son professeur encadreur et de son meilleur ami n’y feront rien.
Cependant, par la suite, il se ressaisit, se remet au travail et réussit brillamment à sa soutenance. En guise de récompense, il s’est vu décerné une mention très bien par le jury. La dédicace est à sa très chère Sinna d’où le titre du film.
Concernant le langage cinématographique, la haute qualité des images et du son est à saluer, les angles de prise de vue sont intelligemment choisis et le cadrage est d’une appréciable netteté.
Notons aussi que pour de jeunes bizuths du cinéma ayant eux-mêmes écrits leur scénario, tournés et montés leur film, ce n’était pas du tout évident. Et au vu du magnifique produit à nous présenté, compte tenu des moyens limités dont ils disposent, les jeunes méritent de notre part de chaleureuses félicitations.
La musique agrémentée de paroles en toile de fond du film est assez originale et doit être promu. Pour donner plus de solennité à la soutenance, les étudiants auraient pu essayer de trouver des toges. En plus, les conditions de vies exécrables des étudiants auraient pu être mises en exergue en rassemblant dans la chambre des deux potes plusieurs étudiants. Même si ce n’était pas le premier objectif du film, cela aurait été « d’une pierre deux coups ». La fâcheuse habitude des sénégalais consistant  soit à ne pas respecter ses engagements, soit à ne pas venir à l’heure doit être bannie. Car c’est sans doute ce qui a conduit à la faible représentativité dans la salle de soutenance et dans la boîte de nuit. Philosophiquement parlant, le film traite d’un sujet très sensible : la mort. Cet étranger qui  ne toque pas à la porte de l’homme quand il s’amène. Ce mystère impénétrable dont l’être humain a très peur car menant vers l’inconnu.
Ce film est l’illustration parfaite que les étudiants ne savent pas que brûler des bus et affronter les forces de l’ordre. Ils sont aussi capables de tenir en haleine des spectateurs en les émouvant de la plus subtile des manières.


Tout compte fait, ce genre de film doit être soutenu par la direction de la cinématographie. Et j’ose espérer que sa participation au festival de Clap Ivoire lui vaudra un retentissant succès.

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