« A la mémoire de Sinna » est un court métrage réalisé par les étudiants de Ciné-Ucad
encadrés par le professeur de cinéma Monsieur Abdel Aziz Boye. Il y est
question d’une relation amoureuse intense entre deux jeunes étudiants de la
faculté des sciences juridiques et politiques.
Dans le premier acte, la routine de vie des
protagonistes est ponctuée par les cours dans les amphithéâtres, les études à
la bibliothèque universitaire et les promenades délirantes à la corniche.
Le film s’ouvre sur un plan
d’ensemble où les étudiants écoutent religieusement leur professeur qui les
invite à toujours se rappeler de la notion d’éthique, fondamentale pour leur
carrière de juristes.
Pendant que le couple discutait à la plage, Sinna annonce
à son copain son voyage sur Thiès pour rendre visite à ses parents. La
séparation est difficile. Pendant une de ses révisions, le mec reçoit un coup
de fil lui signifiant l’urgence de se rendre dans la structure sanitaire du
Centre Des Œuvres Universitaires de Dakar (C.O.U.D). C’est l’incident
déclencheur.
Une fois arrivé en compagnie de son meilleur ami, le docteur leur
annonce sans porter de gants la mort de sa chérie dans un accident de la route.
Les deux potes, médusés, demandent à voir le corps de la défunte pour en avoir
la certitude. Là, en plus du fait que le caméraman n’a pas suffisamment
exploité les plans psychologiques, le médecin également n’a pas fait preuve de
professionnalisme en apprenant la disparition tragique aux concernés. N’en
revenant toujours pas, notre acteur principal perd les pédales. Il laisse de
côté la préparation de sa soutenance de fin d’études, fume à outrance,
s’enivre, passe ses nuits dans les dancings et se triture les méninges à chaque
remémoration des bons et beaux moments partagés avec sa dulcinée. Dans un
premier temps, les appels à la raison de son professeur encadreur et de son
meilleur ami n’y feront rien.
Cependant, par la suite, il se ressaisit, se
remet au travail et réussit brillamment à sa soutenance. En guise de récompense,
il s’est vu décerné une mention très bien par le jury. La dédicace est à sa
très chère Sinna d’où le titre du film.
Concernant le langage cinématographique, la
haute qualité des images et du son est à saluer, les angles de prise de vue
sont intelligemment choisis et le cadrage est d’une appréciable netteté.
Notons aussi que pour de jeunes
bizuths du cinéma ayant eux-mêmes écrits leur scénario, tournés et montés leur
film, ce n’était pas du tout évident. Et au vu du magnifique produit à nous
présenté, compte tenu des moyens limités dont ils disposent, les jeunes
méritent de notre part de chaleureuses félicitations.
La musique agrémentée de paroles
en toile de fond du film est assez originale et doit être promu. Pour donner
plus de solennité à la soutenance, les étudiants auraient pu essayer de trouver
des toges. En plus, les conditions de vies exécrables des étudiants auraient pu
être mises en exergue en rassemblant dans la chambre des deux potes plusieurs
étudiants. Même si ce n’était pas le premier objectif du film, cela aurait été
« d’une pierre deux coups ». La fâcheuse habitude des sénégalais
consistant soit à ne pas respecter ses
engagements, soit à ne pas venir à l’heure doit être bannie. Car c’est sans
doute ce qui a conduit à la faible représentativité dans la salle de soutenance
et dans la boîte de nuit. Philosophiquement parlant, le film traite d’un sujet
très sensible : la mort. Cet étranger qui
ne toque pas à la porte de l’homme quand il s’amène. Ce mystère
impénétrable dont l’être humain a très peur car menant vers l’inconnu.
Ce film est l’illustration parfaite que les
étudiants ne savent pas que brûler des bus et affronter les forces de l’ordre.
Ils sont aussi capables de tenir en haleine des spectateurs en les émouvant de
la plus subtile des manières.
Tout compte fait, ce genre de film doit être
soutenu par la direction de la cinématographie. Et j’ose espérer que sa
participation au festival de Clap Ivoire lui vaudra un retentissant succès.
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