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mercredi 27 mai 2015

Effectifs pléthoriques au campus social: Une situation voulue



La scène de l’entassement de certains étudiants, à la résidence universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar est pitoyable. Etudier sereinement devient quasi-impossible.  Au même moment, d’autres dorment à leur aise dans leur gîte. Toutefois, un rai lumineux rayonne, pour améliorer sensiblement leurs conditions. Si tant est que, les concernés le souhaite.

La journée est ensoleillée. Un vent frais et poussiéreux balaie Fann-Hock. 12h44. La circulation est fluide. D’un côté du trottoir, un cordonnier attend patiemment des clients. Un peu plus loin, quelques étudiantes marchandent des chaussures et des écharpes. A quelque cent mètres de là, la cité Aliine Sitoe Jatta, ex Claudel. Sa porte grise à l’entrée, voit défiler des étudiants et étudiantes sous la surveillance des vigiles. 

Le restaurant étant ouvert, les entrées ne sont pas filtrées. En face, un rond-point est décoré de fleurs, accompagné d’un poteau noir avec quatre lampes et du fer, servant à hisser le drapeau national. A gauche, se dresse le Pavillon I peint en jaune et blanc. Sa toiture rouge-ocre, est faite de pierres savamment taillées. Premier compartiment après les toilettes. Quatre escaliers permettent d’accéder à la chambre 1 à droite.
 
Originaire de Mbour, Marie Gomis, 22ans et en 1ère année d’Anglais, est hébergée par sa grande sœur dans une chambre individuelle. « La cohabitation se passe très bien parce que nous avons toujours vécu ensemble » dit-elle, tout sourire. Un petit lit, une armoire et un placard en bois au-dessus duquel cahiers, bibles, dicos, verres et miroirs, négligemment posés, constituent le gros du décor. Comme difficultés, elle évoque la peine qu’elle a pour dormir ou réviser. Le vacarme des filles dans le couloir est en cause. Qui par la musique ; qui par de bruyantes discussions. Sara Niang, bien perché vers le réchaud, munie d’une petite casserole, s’apprête à préparer des beignets à base de coco.

 L’alimentation du campus ne l’emballe pas. « J’accommode de temps en temps des mets simples pour varier la nourriture ». Les risques d’accidents sont réels, mais, elle prétend ne pas trop avoir le choix. Collant gris, haut noir, cheveux naturels blond et marron, bien tenus par une barrette noire, 1.70 pour 67 kg, teint clair, lèvres bien lippées de rose à lèvre, minuscules boucles d’oreilles, l’étudiante de 22 ans précise toutefois ne pas passer son temps à se ravaler la façade. A la cité Aliine Sitoe, se laver ou se soulager relève d’un parcours du combattant. Les files d’attente sont longues devant les toilettes. L’eau aussi, fait souvent défaut. Pour laver le linge, Marie Ange Diatta nous fait comprendre que chacune achète sa ligne et la détache après. « Le Coud n’a pas mis à notre disposition des séchoirs. Certaines préfèrent aller dans les toilettes, d’autres, préfèrent sortir. Chacune s’organise comme elle peut ».


A un jet de pierre du couloir de la mort, le pavillon J. Il est 15h. Des vendeurs de clé USB, de carte mémoire, de seddo et de Yakalma se tiennent debout devant le couloir. Ici, certains étudiants accrochent leurs habits à leurs fenêtres pour les sécher. A la chambre 15, Bamba Diop, 25 ans, haut comme trois pommes, est occupé à satisfaire la clientèle.  Cet étudiant de 25 ans, en Master 1 au département d’Anglais, est à la tête d’un business florissant. Il travaille jour et nuit avec un ordinateur portable, un écran plat, une imprimante, une photocopieuse et des cartouches. « C’est une entreprise collective. Nous venons tous de Tivaoune et avons cotisé pour acquérir le matériel. Nous parvenons à joindre les deux bouts avec ce travail » explique-t-il. Une télévision éteinte, un ventilateur qui tourne à fond, un carton contenant seringues, éponges et encres, constituent le reste du cadre.  Un autre ordinateur portable, connecté à un baffle émet  le clip de Rick Ross« Thug-Cry », pour égayer la chambre. « Ses lyrics nous inspirent beaucoup, dans la vie de tous les jours » confie l’étudiant. Le célibataire fait savoir qu’ils sont six, dans une pièce à deux lits. Ce qui est très difficile à vivre, mais, il s’est résolu à faire avec, en attendant de trouver mieux. 

Une question s’impose. Qui a droit aux codifications ? Harona Faye, chef de service adjoint de l’hébergement du campus, précise que, dans les textes, seuls les étudiants entre la licence 1 et la licence 3, doivent en bénéficier. Mais, les étudiants passent outre, toutes leurs mises en garde, en logeant provisoirement leurs parents et amis, à tort et à travers. « S’ils vivent dans la promiscuité, ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes » poursuit-il. Néanmoins, trois nouveaux pavillons d’une capacité de 1044 lits sont en cours de construction, au niveau du stade. « Ces édifices vont combler le gap laissé par les bâtiments préfabriqués démolis en 2013. Ils seront fonctionnels avant janvier 2016 » Il informe aussi, qu’ils effectuent des visites inopinées dans les chambres, pour confisquer le matériel des étudiants qui bravent l’interdit, pour s’adonner discrètement à ces pratiques commerciales. « Leur sécurité est menacée, et ils consomment énormément d’électricité » poursuit-il, amer et visiblement impuissant. Au 17J, malgré toutes les contraintes liées à l’hébergement, ça bavarde chaleureusement autour du thé, comme pour noyer leur ennui mélancolique de chaque jour.

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