L’Université Cheikh Anta
Diop de Dakar est devenue un lieu d’expression et d’exercice de la violence.
La mort de Bassirou Faye, tué par balle le
quatorze Août deux-mille quatorze au sein du campus social en est un exemple
patent. A en croire ses camarades, il a été froidement abattu par un policier.
C’était en marge d’une manifestation pour protester contre le retard des payements de bourse d’étude. Pour quelles
raisons les étudiants tiennent-ils autant à ces allocations, au prix de leur
vie ? Malgré la bancarisation en 2011, les heurts entre étudiants et
forces de l’ordre demeurent.
Certains d’entre eux utilisent ces émoluments à
des fins pédagogiques (photocopier les cours magistraux ou acheter des
livres). Comprise entre 18.000 et 60.000f,
cette somme permet aussi de satisfaire leurs besoins vitaux : payer des
tickets de restaurant ; des vêtements. Pour d’autres, issus de familles
démunies, la bourse offre la possibilité de gérer quelques charges sociales. Un
réel détournement d’objectif. Le nombre de bacheliers croit chaque année mais
l‘offre stagne. Les reformes austères
menées par le gouvernement
exacerbent les tensions.
En dehors du problème des
bourses, l’élection des délégués des amicales tourne souvent au drame. En
deux-mille huit, les couloirs de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
(FLSH) s’étaient mués en un champ de bataille, une rixe authentique entre les différents
protagonistes. Chaque liste s’autoproclamait vainqueur des élections. Armés de
bâtons, de gourdins, de pierres, de barres de fer, de bombes asphyxiantes et
d’armes blanches, les apprenants se sont rudoyés. Un lourd bilan en termes de
blessés et le saccage d’un nombre important de locaux.
Dans les facultés,
certains délégués sont obsédés par l’appât du gain. Les deux cents francs
prélevés sur les inscriptions plus les subventions des facultés constituent les
ressources de ces associations. Qu’est-ce
qui se cache derrière la détermination inébranlable de certains étudiants à
devenir délégué, quitte à user de la violence contre leurs propres camarades ?
Peut-être,
les primes reçues quand ils siègent aux codifications. Ce sont des millions qui
tombent annuellement dans les caisses des Facultés. Et les plus peuplées, comme
la Faculté des Lettres et Sciences humaines, et la Faculté des Sciences
juridiques se taillent la part du lion.
Selon un délégué de la faculté de médecine, les subventions perçues par
les Amicales sont de diverses provenances. Pour son Amicale, il y a la
subvention du Coud, qui est de 750.000 F CFA par an et celle du Rectorat qui
est de 300.000 de nos francs.
Pour la Faculté de Médecine, il indique qu’elles
sont calculées sur la base du nombre d’étudiants, en raison de 200 à 300 F CFA
par étudiant. Ce qui permet à son Amicale d’engranger environ 1 million de
plus. Vient, enfin, la subvention de la Faculté qui est de 200.000 F CFA.
En
plus, lors des élections des délégués, les partis politiques parrainent les
listes et donnent beaucoup d’argent. Une seule liste peut même revêtir
plusieurs colorations politiques. Et quand pendant ce temps l’étudiant lambda
ne bénéficie d’aucun avantage, il se radicalise et appelle à la révolte.
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