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samedi 16 mai 2015

Violence à l’Ucad: Une responsabilité partagée



L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est devenue un lieu d’expression et d’exercice de la violence.  

 La mort de Bassirou Faye, tué par balle le quatorze Août deux-mille quatorze au sein du campus social en est un exemple patent. A en croire ses camarades,  il  a été froidement abattu par un policier.

 C’était en marge d’une manifestation pour protester contre le retard  des payements de bourse d’étude. Pour quelles raisons les étudiants tiennent-ils autant à ces allocations, au prix de leur vie ? Malgré la bancarisation en 2011, les heurts entre étudiants et forces de l’ordre demeurent.

 Certains d’entre eux utilisent ces émoluments à des fins pédagogiques (photocopier les cours magistraux ou acheter des livres). Comprise entre  18.000 et 60.000f, cette somme permet aussi de satisfaire leurs besoins vitaux : payer des tickets de restaurant ; des vêtements. Pour d’autres, issus de familles démunies, la bourse offre la possibilité de gérer quelques charges sociales. Un réel détournement d’objectif. Le nombre de bacheliers croit chaque année mais l‘offre stagne. Les reformes austères  menées par le gouvernement  exacerbent les tensions. 


En dehors du problème des bourses, l’élection des délégués des amicales tourne souvent au drame. En deux-mille huit, les couloirs de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) s’étaient mués en un champ de bataille, une rixe authentique entre les différents protagonistes. Chaque liste s’autoproclamait vainqueur des élections. Armés de bâtons, de gourdins, de pierres, de barres de fer, de bombes asphyxiantes et d’armes blanches, les apprenants se sont rudoyés. Un lourd bilan en termes de blessés et le saccage d’un nombre important de locaux. 

Dans les facultés, certains délégués sont obsédés par l’appât du gain. Les deux cents francs prélevés sur les inscriptions plus les subventions des facultés constituent les ressources  de ces associations. Qu’est-ce qui se cache derrière la détermination inébranlable de certains étudiants à devenir délégué, quitte à user de la violence contre leurs propres camarades ?

 Peut-être, les primes reçues quand ils siègent aux codifications. Ce sont des millions qui tombent annuellement dans les caisses des Facultés. Et les plus peuplées, comme la Faculté des Lettres et Sciences humaines, et la Faculté des Sciences juridiques se taillent la part du lion.  Selon un délégué de la faculté de médecine, les subventions perçues par les Amicales sont de diverses provenances. Pour son Amicale, il y a la subvention du Coud, qui est de 750.000 F CFA par an et celle du Rectorat qui est de 300.000 de nos francs.

 Pour la Faculté de Médecine, il indique qu’elles sont calculées sur la base du nombre d’étudiants, en raison de 200 à 300 F CFA par étudiant. Ce qui permet à son Amicale d’engranger environ 1 million de plus. Vient, enfin, la subvention de la Faculté qui est de 200.000 F CFA. 

En plus, lors des élections des délégués, les partis politiques parrainent les listes et donnent beaucoup d’argent. Une seule liste peut même revêtir plusieurs colorations politiques. Et quand pendant ce temps l’étudiant lambda ne bénéficie d’aucun avantage, il se radicalise et appelle à la révolte.




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