Nos invités du jour |
Un carrefour
d’actualité sur le thème Femmes, médias et gouvernance organisé par le PANOS
s’est tenu cet après-midi dans la Case foyer du Centre d'études des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI. Comme panélistes, nous
avons eu Mame Less Camara, journaliste et formateur au CESTI depuis 16ans, Madame Niasse, spécialiste en plaidoyer dans
l’ONG ADEMAS (Agence de développement du marketing social) et Monsieur Libasse Hann, géographe de
formation, spécialiste en médias et gouvernance.
Mame Less a accès son intervention sur la femme en tant qu’objet de la collecte et du traitement de l’information. Il
a fait remarquer que la femme est souvent présentée dans les médias à travers un
prisme déformant, beaucoup plus sous l’angle de ses turpitudes que sous l’angle
de ce qui la met en valeur (violences physiques et verbales, prostitutions,
harcèlement sexuel, mariages forcés,
excisions, non scolarisation).
En guise d’exemple, il
a donné l’exemple selon lequel pour vendre du savon, il faut mettre en avant
une femme, de préférence nue.
La femme devient selon
lui dans ce cas un simple objet qui expose son corps pour inciter à acheter. Il
a aussi déploré le fait que les journalistes tournent en dérision l’acte sexuel
par des phrases du genre « tel et tel se sont adonnés à une gymnastique
horizontale ». Ce qui offusque au plus haut point Mbaye Sidy Mbaye,
professeur d’éthique et de déontologie au CESTI.
Mame Less s’est aussi
désolé du fait que les journalistes ne parlent pas de l’évolution des femmes
qui accèdent à un niveau honorable de responsabilités. Alors que ce phénomène
devrait susciter l’attention des journalistes. Même si il reconnait que les femmes
aussi participent au saccage de leur image par la reproduction du complexe
d’infériorité qui leur a été inculqué depuis le bas-âge résumé par le dicton
suivant : on ne naît pas femme, on le devient.
Il a invité les journalistes à s’inspirer de Nietzsche pour
jeter sur la réalité un regard oblique
permettant de voir au-delà de ce qui leur est présenté.
D’après Madame Niasse, des études au niveau des différents
médias (journaux, radios, télé et presse en ligne) leur ont permis de constater
que la femme occupe une place minime dans le paysage médiatique. Même dans leur
domaine de prédilection où elles auraient pu jouer un rôle extrêmement
important, les femmes apparaissent de façon incidente dans les rubriques
d’information.
Pour elle, les femmes manquent de visibilité car on ne parle
d’elles que sur la page people. Madame Niasse a aussi souligné que l’un des
défis majeurs de la société civile est de trouver une solution aux journalistes
qui sont sous le poids des patrons de presse à la recherche de profit. Comme
illustration, elle a expliqué que leurs réflexions sur la planification
familiale ont du mal à être publiées dans les médias.
Pour Monsieur Hann, les médias reflètent une image sombre des
femmes mais la responsabilité est partagée : « Les médias ne
sont que le reflet d’une société et tous les problèmes auxquels les femmes sont
confrontés résultent d’un problème de gouvernance, donc de démocratie. Or, la
démocratie moderne est une démocratie représentative.
Dans presque tous les
états africains, on a un schéma démographique quasi-identique (52% de femmes et
48% d’hommes). Ça veut dire que les femmes sont majoritaires mais ne sont pas
tellement associées à la gestion des ressources publiques (finances, mines,
foncier etc.) car n’y participant même pas à hauteur de 10%. Ce qui pose un
sérieux problème d’équité. Même dans la gestion des conflits récurrents ces 20
dernières années en Afrique, elles ne sont pas vraiment impliquées, pourtant,
elles y paient le plus lourd tribut. »
Il a terminé son propos en exhortant les journalistes à
accentuer leurs efforts de sensibilisation qui peuvent amener les populations
lésées à revendiquer leurs droits le plus élémentaires.
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