Le départ du conseiller
spécial américain pour la Casamance en novembre est relativement passé
inaperçu. Par la suite, son poste a été supprimé. Ce qui a mis fin à deux ans
de ce que les américains ont appelé une diplomatie expéditionnaire dont
l’objectif était d’appuyer le processus de paix gouvernemental inauguré par le
président Macky Sall en 2012. Avec de la part des américains une volonté de
booster cette procédure pour hâter si possible la fin du conflit.
Nous sommes dans une
configuration opposée à celle du Sud-soudan où les américains étaient intervenu
pour appuyer le mouvement sécessionniste et ce fut efficace puisque ce dernier
a triomphé.
Le départ du conseiller
n’est probablement pas un échec dans la mesure où cette expérience était par
définition limitée dans le temps. Peut-être que ce départ a été prématuré parce
quelque chose n’a sûrement pas marché. Ce qui ne veut pas dire que les
américains ne s’intéressent plus au conflit casamançais, vu qu’ils s’y
intéressent depuis une quinzaine d’années. Ils continueront à s’y intéresser
même à la fin du conflit.
Il a sans doute été
difficile de parvenir rapidement à un accord de paix. Comme en témoigne
d’ailleurs plusieurs allusions à des communiqués ou d’interviews aussi bien des
conseillers américains que de l’ambassade où ils font état de lenteur.
L’implication américaine
pose trois questions. Premièrement, comment se fait-il que les américains
s’intéressent à un si petit conflit à basse intensité sans enjeu majeur pour
les Etats-Unis dans un pays ami, traditionnellement lié à la France et aux
Etats-Unis et qui n’a jamais été menacé sérieusement par le conflit
séparatiste. On peut considérer que l’Etat sénégalais, de concert avec son
armée contrôle la situation même si y a eu des moments chauds et des moments
difficiles. Donc, on peut valablement se demander ce qui motive les américains dans
ce conflit.
Deuxièmement, il est bon
de se demander comment ils s’impliquent dans ce conflit, les étapes et les
formes de cette implication.
Et enfin quels sont les
obstacles qu’ils rencontrent et qui font que le règlement du conflit tarde à se
matérialiser.
Il ne semble pas que les
américains aient des intérêts économiques en Casamance. Il n’y a pas de pétrole
qui pourrait les intéresser à part un petit gisement offshore non rentable. Les
américains se satisfont de plus en plus du Gaz de schiste. Il n’y a pas de
matière première qui les intéresse particulièrement, manifestement, pas
d’investissement américain dans cette zone. Seul le projet d’une zone franche
existe en ma connaissance. Il a été annoncé par Macky Sall lors de sa visite à
Washington.
Les américains ne sont en
Casamance que pour des raisons stratégiques. Pas forcément dans la Casamance
elle-même mais du fait que la Casamance de par sa situation est un carrefour
d’influence à la frontière de plusieurs pays. Et parce que la Casamance appartient
au Sénégal qui est lui-même intéresse les américains à cause de sa position
géographique.
Pour bien comprendre le
conflit Casamançais, il faut le placer dans une perspective plus globale, à
l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, du Sahel et de l’Afrique toute entière.
Depuis quelques années, les américains ont fait du continent leur priorité.
Après la guerre froide, les américains ne s’y intéressaient plus mais avec les
attentats du 11 septembre 2001, ils ont recommencé à avoir un intérêt nettement
plus important à l’Afrique.
La stratégie américaine
dans le continent vise à contenir la menace terroriste. Elle s’est concrétisée
par la création en 2007 du commandement militaire américain pour l’Afrique
localisé à Stuttgart en Allemagne. Le Sénégal a été l’un des premiers pays à
intégrer les organismes de défense du continent africain mis en place par les
américains.
Ce mécanisme a amplifié
un mouvement qui existait déjà à savoir la formation d’officiers militaires
sénégalais aux Etats-Unis ou l’envoi de conseillers militaires américains au
Sénégal pour améliorer la formation des militaires sénégalais.
Dans le même temps,
l’armée sénégalaise a reçu du matériel américain destiné à des opérations de
maintien de paix étant bien entendu que l’armée sénégalaise a aussi utilisé ce
matériel en Casamance.
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