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lundi 9 mars 2015

Propositions du professeur Tounkara pour développer le Sénégal




Conférence à Atsa dans un contexte de lancement de leurs activités. Atsa se veut un lieu d’échanges féconds sur des questions d’actualité concernant la société sénégalaise.

Atsa est une association turque à but non lucratif fondé en 2009 à Dakar par un groupe de journalistes et de chercheurs. C’est un laboratoire d’idées où les diversités culturelles s’interpénètrent. 

Atsa est né de la volonté de construire un pont entre les civilisations et de contribuer à l’épanouissement de la société dans laquelle nous vivons. Son objectif majeur est d’abord d’apporter des réponses pragmatiques aux problèmes de nos sociétés.

Pour le professeur Mamadou Sy Tounkara, animateur à la 2STV de l’émission ‘’Sénégal Ca Kanam’’, parler de développement le ramène à la citation de Frantz Fanon selon laquelle chaque génération, dans une relative opacité, découvre sa mission, à elle de l’accomplir ou de la trahir. Selon lui, la mission de notre génération est de travailler à développer nos pays.

‘’La façon dont nous vivons actuellement est inacceptable : les paysans labourent la terre comme le faisaient leurs arrières grands-parents ; certains boivent toujours l’eau du marigot ou du fleuve, quand il pleut à Podor, l’île à Morphil est coupé du Sénégal ; Kédougou est la deuxième région la plus pauvre du Sénégal et la région du pays la plus riche en ressources naturelles. Pourtant, sept kédovins sur 10 ne mangent pas à leur faim, n’ont pas accès aux soins de santé primaires, leurs femmes accouchent chez des matrones ou tout simplement sur des charrettes ; Diourbel est la région la plus pauvre du Sénégal ; huit diourbelois sur 10 ne mangent pas à leur faim, boivent une eau insalubre. Chez nous, jusqu’à présent, le taux de mortalité infantile est de 52  pour mille, alors qu’en Norvège, c’est deux pour mille. Est-ce que les Norvégiens sont meilleurs que nous’’ ?

‘’Le taux d’analphabétisme au Sénégal est toujours de presque 60%. Notre espérance de vie est de 60 ans environ alors que celui du japonais est de 88 ans. Ce qui veut dire que le même sénégalais né le même jour que le même japonais mourra au moment où le japonais vivra encore une génération entière sur terre.’’

‘’C’est tout cela qu’on appelle le manque de développement. Et pour Tounkara, le développement, c’est régler ses problèmes vitaux de la manière la plus satisfaisante possible, qui vous met dans un cadre propice pour sortir toutes les énergies en soi et être ce qu’on veut être, ne pas vouloir systématiquement devenir comme le New-Yorkais, ne pas mourir de choses idiotes comme le paludisme, maintenant éradiqué en France’’.

‘’Cuba est aujourd’hui à 100% de taux d’alphabétisation. Pourtant, ils sont sous blocus américain depuis 1959. Donc, Cuba n’est ni comme Paris, ni comme New-York mais, ils sont développés en matière d’éducation. Et Cuba aujourd’hui est le pays le plus développé au monde pour ce qui est de l’indicateur de santé. Ils ont environ huit médecins pour 100.000 habitants alors que le pays le plus proche, c’est l’Allemagne qui a quatre médecins pour 100.000 habitants’’.

‘’A Cuba, il y a plus d’ordinateurs par enfants qu’aux Etats-Unis. Pour dire que développement ne rime pas avec mimétisme aveugle’’.

‘’Le développement à mon humble avis, dit-il s’articule autour de quatre leviers : - les infrastructures d’éducation, de santé, de sport et de télécommunications (gain de temps, d’argent et d’énergie.)

- l’éducation (l’ignorant est en marge de tout ; l’Occident a dominé le monde pendant 500 ans par le savoir, donc, sans éducation, on ne peut aller nulle part).

- l’agriculture (il faut faire en sorte que manger devienne simple et cela implique de manger ce que l’on produit. On doit pendre tous les sénégalais parce qu’on ne peut pas avoir trois fleuves et continuer à importer. C’est aberrant. Nous ne sommes pas conscients de nos richesses).

- l’industrie (c’est elle qui nous permet de fabriquer, or, l’être humain est un homo faber. Si nous ne sommes pas développés, c’est parce que nous ne fabriquons pas. Au Sénégal, nous importons tout : stylos, feuilles de papier, table, micro, bâche, tissu, veste, mèches, boucles d’oreille, et cetera.)   

Pourquoi le Sénégal n’est pas développé ? Voici une question très complexe avec une réponse très simple. C’est parce que nous n’avons pas travaillé au développement. Le Sénégal a tout ce dont un être humain a besoin : on a un océan, 720 km de côtes, trois fleuves : Gambie, Sénégal, Casamance ; 14 lacs, l’un des neuf pays au monde avec un lac de couleur rose, une terre fertile, des forêts, des êtres intelligents, un peu de pétrole, du fer, de l’or, de l’argent, du zircon (2ème minerai le plus riche au monde après le diamant), du phosphate, de l’arachide. Rien ne nous manque.

On ne peut pas non plus nous développer sans industrie (Sococim n’est pas à nous, on a vendu la Sar et les Ics, la Sonacos appartient à un privé Abbas Jaber, la Sonatel est pour France Télécom. Et d’après le président du Mouvement des entreprises du Sénégal, 313 entreprises ont mis la clé sous le paillasson l’année dernière.
          



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